D'après une étude de 2005 publiée par l'organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les rejets dans l'Atlantique Nord étaient estimés à 1.332.000 tonnes par an, soit 13 % du volume des prises. Pour la mer du Nord, l'estimation se situait dans une fourchette de 500.000 à 880.000 tonnes. Dans les eaux situées à l'ouest de l'Irlande et de l'Écosse, le volume des rejets était compris entre 31 et 90 % de celui des captures selon la flotte considérée, l'espèce cible et la profondeur. En Méditerranée et en mer Noire, les rejets s'établissaient à 18.000 tonnes, soit 4,9 % du volume des prises.
Les rejets nuisent ainsi aux stocks de poissons, en ralentissent ou en empêchent la reconstitution et coûtent aux pêcheurs en temps et énergie. Ces chiffres traduisent un gaspillage énorme, avait souligné la Commission européenne, présentant une communication en mars 2007. La pratique des rejets est erronée en ce sens qu'elle représente un gaspillage de ressources marines et qu'elle est donc dépourvue de toute pertinence écologique, économique ou éthique, avait indiqué M. Joe Borg, membre de la Commission chargé de la pêche et des affaires maritimes.
Le Parlement européen, qui a présenté un rapport d'initiative le 30 janvier, a exprimé son soutien en faveur d'une élimination progressive des rejets dans les pêcheries de l'UE. Le rapport d'initiative se félicite du nouvel effort fait par la Commission pour stimuler le débat sur ce sujet grave, dans le but ultime de réorienter la politique commune de la pêche (PCP) de manière que la pratique des rejets soit in fine éliminée, a indiqué le Parlement.
À l'instar de la Commission, le Parlement a donc souligné l'urgence d'agir au niveau de l'Union pour éviter le gaspillage de ces ressources marines.
Les députés soutiennent ainsi la proposition de la Commission consistant à procéder par étapes, pêcherie par pêcherie, en fonction d'objectifs précis, afin de déboucher à terme sur l'élimination des rejets. Rappelons que la communication de la Commission prévoit la fixation de normes en matière de prises accessoires maximales acceptables. Des mesures d'accompagnement sont également envisagées : incitations pour une meilleure sélectivité de l'engin de pêche, fermeture de zones de pêche, obligation de changer de zone lorsqu'on y trouve des concentrations excessives de juvéniles, etc.
Le Parlement estime qu'il faudrait limiter l'effort de pêche global et améliorer les mesures sélectives afin de réduire les rejets de poissons. Une réduction de la pression de pêche profiterait grandement au secteur, en permettant aux stocks en voie d'épuisement de se reconstituer et de devenir plus productifs et en rendant plus rapides et moins pénibles les opérations de tri des prises, ont précisé les députés.
Selon le rapport, la démarche consisterait à sélectionner un certain nombre de pêcheries pilotes en fonction du volume de leurs rejets ou en fonction de l'état de conservation de l'espèce considérée. Deux types de pêcheries pourraient être concernées : celles qui utilisent le chalut à perche et celles qui capturent et rejettent le cabillaud. Les députés recommandent que, pendant la mise en œuvre de ces projets pilotes, d'autres pêcheries soient évaluées sous l'angle de leurs taux de rejet.
Dans un communiqué, la Commission qui s'est félicitée du soutien du Parlement, a indiqué qu'elle avait mené depuis mars dernier des consultations approfondies avec les Etats membres et les parties intéressées, sur les modalités possibles de mise en œuvre de la nouvelle politique. La Commission a entrepris de recueillir des avis scientifiques sur un certain nombre de pêcheries pressenties pour initier l'interdiction progressive des rejets. La Commission prévoit également d'élaborer un plan de route, assorti d'un calendrier, pour la mise en œuvre de l'élimination progressive des rejets dans toutes les grandes pêcheries commerciales d'Europe.